Prévenir les risques de chute des séniors
Les chutes chez les personnes âgées constituent une problématique d’une gravité méconnue. Chaque année en France, plus de 2 millions de chutes sont recensées chez les plus de 65 ans, entraînant plus de 130 000 hospitalisations et 10 000 décès. Au-delà des conséquences humaines, ces accidents ont un coût économique considérable, estimé à 2 milliards d’euros par an, dont 1,5 milliard pris en charge par l’Assurance maladie1. Mais quelles sont les causes de ces chutes et comment peut-on les éviter ?
A l’origine des chutes, le vieillissement du corps et de l’esprit
Le vieillissement naturel entraîne une diminution progressive de la force musculaire, de l’équilibre et des réflexes, favorisant les risques de chute. Parmi les causes explicatives récurrentes :
- Les douleurs articulaires, lombaires, les maladies neurologiques comme Parkinson ou un AVC, qui complexifient la marche et l’équilibre
- La perte de force musculaire due à la sarcopénie, la dénutrition ou l’obésité, ainsi que des problèmes articulaires comme l’arthrose ou les inflammations
- La baisse des capacités sensorielles, comme la vision, l’audition ou la sensibilité plantaire, limitant la perception de l’environnement et augmentant la probabilité de trébucher
- Les troubles cognitifs, comme la maladie d’Alzheimer, qui réduisent la capacité à identifier les dangers
- Les malaises fréquents, liés à des causes comme l’hypotension orthostatique, l’hypoglycémie ou des syncopes cardiaques
- Certains médicaments qui peuvent avoir pour effets secondaires une altération de l’équilibre, de la vigilance ou de la régulation de la tension artérielle
L’environnement familier est souvent sous-estimé
Si l’on s’intéresse à l’endroit où se produisent les chutes, on constate que près de 60% ont lieu à domicile, souvent dans des zones à risque comme les escaliers ou la salle de bain. De la même façon que les accidents de la route se produisent proche du domicile, les chutes se déroulent dans un environnement connu et durant des tâches du quotidien. Et pourtant, peu de prévention en résulte : seulement 16% des séniors ont aménagé leur logement pour éviter ces risques6.
Selon une étude de l’IFOP réalisée auprès d’un échantillon de séniors ayant connu des chutes, 44% étaient liés à un glissement (ex : sol humide, tapis glissant…) et 38% à un trébuchement ou la rencontre d’un obstacle inattendu sur son passage comme un objet qui n’était pas à sa place ou un branchement électrique entravant le passage6.
La chute, un virage dans la vie du sénior
Les chutes chez les personnes âgées peuvent avoir des répercussions fortes,tant physiquement que psychologiquement :
- Physiquement, elles sont la première cause de traumatismes crâniens des personnes âgées et sont également responsable de beaucoup de fractures et d’hématomes.
- Psychologiquement, elles génèrent de la peur, un sentiment d'insécurité et une perte de confiance en soi. Elles marquent souvent un virage dans la vie des individus, limitant leurs interactions et leurs activités quotidiennes.
Les statistiques attestent de l’importance de la chute dans le parcours de vie d’un sénior : rester immobilisé au sol pendant une heure augmente de 50% le risque de décès dans les 12 mois suivants et 40% des personnes âgées hospitalisées à la suite d’une chute ne peuvent pas retourner à domicile et doivent être accueillies en établissement2.
Des exercices pour anticiper les chutes
L’activité physique et notamment le renforcement musculaire sont la première étape pour prévenir ces risques de chutes. L’activité doit être adaptée aux capacités du sénior et inclure des exercices d’équilibre.
D’après une analyse du groupe Cochrane publiée en 2012, les interventions multifactorielles destinées aux seniors vivant à domicile permettent de diminuer le nombre de chutes de 24%. En revanche, les programmes ne comprenant pas d’exercices d’équilibre ne montrent pas d’effet notable sur la prévention des chutes1.
A l’inverse, de nombreuses études épidémiologiques mettent en évidence qu’un faible niveau d’activité physique augmente significativement le risque de chute. Les femmes qui pratiquent peu d’activité physique, notamment en extérieur, sont particulièrement concernées. L’absence d’exercice régulier constitue également un facteur de risque accru de fractures3.
Améliorer sa sécurité par l’adaptation du logement
Au-delà de l’exercice physique, un habitat sécurisé est une condition clé pour prévenir les risques de chute :
- Parmi les mesures d’adaptation du logement simples à déployer : éliminer les obstacles comme les fils traversant une pièce ou les meubles bas, installer des éclairages adaptés et adapter la circulation des zones critiques comme la salle de bain avec des tapis antiglisse et des barres d’appui.
- Parmi les transformations plus lourdes mais nécessaires, le remplacement de sa baignoire ou de sa douche par une douche à l’italienne de plain-pied et la pose d’un monte-escalier.
Enfin, il peut être utile de mettre en place des systèmes de téléassistance afin de contacter rapidement des proches ou le SAMU en cas de chute. Ces derniers peuvent prendre plusieurs formes :
- Le bracelet ou le pendentif : ce sont les plus courants, ils contiennent un bouton que le sénior active suite à une chute pour prendre contact avec une hotline qui prévient les proches ou les secours.
- Les solutions de détection automatique des chutes : elles détectent la chute sans que le sénior n’ait à presser un bouton, ce qui est notamment utile pour les cas de troubles cognitifs. Elles reposent sur différentes technologies comme la détection via caméras, la détection via Wi-Fi (systèmes analysant les variations des ondes pour identifier un accident), la détection sonore (systèmes de capteurs sonores couplés avec de l’IA).
Pour financer ces adaptations de logement,des aides financières existent. Parmi elles, Ma Prime Adapt’4 reste la plus facile à déployer pour les foyers à petits revenus (visitez le site de FranceRénov’ pour plus d’information).
Et si vous souhaitez être accompagné pour adapter votre logement ou celui d’un proche, YesHome vous accompagne depuis le diagnostic jusqu’à la réalisation (découvrez nos services d’adaptation de logement).
Sources
- https://sante.gouv.fr/IMG/pdf/manuel_maintien_de_l_equilibre_anti_chutes_-_2023.pdf
- Enquête permanente sur les accidents de la vie courante, 2016
- https://www.inserm.fr/wp-content/uploads/media/entity_documents/inserm-ec-2015-chutespersonnesagees-synthese.pdf
- https://france-renov.gouv.fr/aides/maprimeadapt
- IFOP, la chute des séniors (2021)